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Le blog de François Meunier

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L’inversion fiscale de Pfizer et le toupet de la journaliste

Article publié le 08/04/2016

On connait le truc fiscal de la « tax inversion » : une grosse société américaine veut se mettre à l’abri de l’IS des États-Unis, un des plus élevés – facialement – au monde. Facile ! elle se fait racheter, payée en actions, par une société (beaucoup) plus petite logée à l’étranger, typiquement un pays à niveau très bas d’IS, par exemple l’Irlande (12,5%). Les actionnaires de la grosse société prennent, au terme de l’échange, la majorité des parts de la société fusionnée. C’est ce que voulait faire Pfizer, un leader mondial de la pharmacie, en se faisant acheter, c’est-à-dire en « rachetant » Allergan, une société sise en Irlande. Le Trésor américain a bloqué, déclarant : « Typiquement, l’objectif premier d’une inversion n’est pas de faire croître le business, de maximiser les synergies, ou de poursuivre quelque autre bénéfice. C’est plutôt de réduire l’impôt, souvent substantiellement. »

Une éditorialiste du New York Times, numéro du 8 avril, s’insurge, prête à en appeler à la Constitution américaine, menaçant l’administration Obama d’une nouvelle révolte de type Magna Carta. Son argument, avec une insolente chutzpah, est de dire : « Le Trésor ne voit pas qu’en réduisant les impôts, les entreprises peuvent développer leur business. Une société comme Medtronic qui s’est récemment « inversée » en Irlande en fusionnant avec Covidien peut développer ses opérations aux États-Unis à un cout moindre que ses concurrents, ce qui déclenche un effet de domino dans toute l’industrie. »

C’est exactement pour ce motif que le Trésor américain est intervenu ! Cela s’appelle la course vers le bas ! (Ceci n’est pas pour dire que la fiscalité des entreprises aux États-Unis est parfaite, loin de là.)