Farce que ces économistes. Philippe Askenazy avait signé l’article / pétition Piketty qui dézinguait absolument le projet de loi El Khomry ! Le voilà qui maintenant approuve, au simple motif que les indemnités prud’homales ne sont plus qu’indicatives ! « Le premier texte signait la mort du contrat à durée indéterminée (CDI), dans le second, grâce au renoncement du plafonnement des indemnités prud’homales, on a à nouveau un CDI en France. C’est essentiel. », dit-il dans Le Monde du 17.3.16. Retournage de veste !
On (la Bourse) se raconte peut-être un film sur la conjoncture, sur la catastrophe qu’est le plongeon du prix du pétrole, sur le ralentissement chinois qui ressemblerait à une collision sur un mur en béton… C’est ce qu’indique Olivier Blanchard (l’ancien chef économiste du FMI et désormais membre du Petersen Institute) dans une colonne de Vox-EU. La baisse du prix de l’énergie est avant tout un gain de pouvoir d’achat pour les grandes économies, l’Arabie saoudite à de quoi tenir le coup, et de toutes façons, les autres pays concernés (Algérie, Vénézuela…) ne pèsent pas beaucoup et sont déjà en crise depuis longtemps. Quant à la Chine, l’ajustement est plus souple qu’on croit. A lire.
Avec les robots, l’homme fera-t-il comme autrefois le cheval : disparaitre des activités productives ? C’est ce que discutent intelligemment Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, deux professeurs du MIT, dans la dernière livraison de Foreign Affairs. Par chance, comme le disait un rapport de la NASA en 1965 : » L’homme reste encore le système informatique tout usage, non linéaire, pesant 70 kg, au plus bas cout possible et qui peut être produit en masse par des travailleurs non qualifiés. »
Témoignage ancien, de 1988, mais bouleversant, du physicien Valeri Alexeevitch Legassov, membre de l’Académie des sciences de l’ex-URSS sur l’accident de Tchernobyl. Il traduit à la fois l’excellence (l’intelligence et la lucidité) de ces grands scientifiques russes et le dévoiement complet des structures d’exécution dans le pays. Legassov s’est suicidé quelques jours après avoir écrit cet article. Sa tragédie personnelle est celle de toute l’économie soviétique. Mais elle a une portée plus grande : où sont les Legassov capables de démonter ce qui a pu se passer dans la fraude aux moteurs Diesel commise par Volkswagen ?
Une idée qui fait son chemin, celle consistant à éliminer la monnaie-papier et y substituer ou plutôt généraliser le recours à la monnaie électronique, aujourd’hui la carte de crédit, demain d’autres supports. Lire ici. Voici que rien moins que le chef économiste de la vénérable Banque d’Angleterre s’y met lui aussi. Lire ici dans le Financial Times. Voici qui ne va pas faire plaisir aux transporteurs de fonds… et aux truands, friands de l’anonymat que permettent les gros billets de 500€.
17/01/2016
16/11/2015
François Meunier, essayiste, enseignant, consultant, après une longue carrière dans la banque et l'assurance. lire plus
Situations est un blog d’économie et de finance qui reprend largement mes articles ou tribunes publiées dans divers médias, dont Le Monde, Les Echos, Agefi, Option Finance, Telos et autres revues, telles notamment Esprit ou Commentaire. Le gros provient toutefois de Vox-Fi, que j’anime avec plusieurs membres de la DFCG, l’association française des directeurs financiers et de contrôle de gestion. En l’absence de référence, le papier vient souvent de Vox-Fi. Que ces médias soient remerciés de me permettre de reprendre les papiers publiés.
Les sujets qui sortent de l’économie — il y en a — sont en général des matériaux originaux, non publiés ailleurs.
Situations est aussi le réceptacle (dans la section Documents) des articles, visuels de cours ou conférences que j’ai l’occasion de donner, notamment le cours de finance d’entreprise enseigné (avec Jean-Florent Rérolle) à l’ENSAE.
Par les papiers publiés, Situations respecte l’esprit d’un blog, à savoir des idées prises au vent et restituées dans l’instant. Pour préciser les choses, trois exergues prises au vent :
La première pour ne pas oublier que la finance et l’économie, ça ne s’improvise pas, comme le croient trop souvent certains parleurs à la télévision. Il y faut un long travail et fastidieux. Et donc citer ici Condorcet dans sa Vie de Turgot.
« La plupart des hommes, soit par le vice de leur éducation, soit pour n’avoir pas contracté l’habitude de réfléchir, ne jugent point par eux-mêmes et reçoivent d’autrui toutes leurs opinions. Pour juger par soi-même, il faut savoir analyser les propositions qu’on examine et les preuves sur lesquelles on les appuie ; examen qui exige du temps, du travail, et, pour presque toutes les questions, des études préliminaires. Dans les sciences physiques, on convient sans peine de son ignorance, on avoue que pour les entendre on a besoin de les étudier, on connaît ceux qui passent pour en être instruits, on s’en rapporte à eux, et il suffit que les gens éclairés conviennent d’une vérité pour que le reste la croie et la professe. Il n’en est pas de même dans l’économie politique. Chacun s’y croit juge ; on n’imagine pas qu’une science qui n’emploie que des mots de la langue usuelle ait besoin d’être apprise ; on confond le droit social d’avoir un avis sur ce qui intéresse la société, avec celui de prononcer sur la vérité d’une proposition, droit que les lumières seules peuvent donner. On veut juger et on se trompe. »
La seconde pour justifier l’approche prise résolument par Situations, celle de ne pas trop se spécialiser, un mal du siècle dans les sciences humaines. Il faut rien moins que Pascal pour dire cela :
« Puisqu’on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir peu de tout. Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose ; cette universalité est la plus belle. Si on pouvait avoir les deux, encore mieux, mais s’il faut choisir, il faut choisir celle-là et le monde le sent et le fait, car le monde est un bon juge souvent. »
Enfin, Einstein, pour rappeler qu’il ne faut pas se payer de mots ni se prendre au sérieux. Il y a la théorie… et il y a la pratique :
« La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et qu’on ne sait pas pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : rien ne fonctionne et on ne sait pas pourquoi. »
Guidés par de tels auteurs, bonne lecture !
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