SITUATIONS

Le blog de François Meunier

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Le long chemin de la voiture électrique

Article publié le 22/02/2016

Les spécialistes s’opposent sur les questions de transition énergétique, comme il est normal sur un sujet si complexe. Dans la dernière livraison du Journal of Economic Perspectives (Winter 2016), les économistes Covert, Greenstone et Knittel livrent une version un peu pessimiste. Ils sont de l’avis qu’il est très improbable que les énergies fossiles disparaissent, soit par épuisement naturel (qui ferait monter leur prix au plafond et assurerait une transition douce vers d’autres technologies) ou à l’inverse parce qu’elles seraient rendues obsolètes par des gains de productivité massifs dans les technologies alternatives d’énergie.

Sur ce deuxième point – qui fait l’objet du graphique ci-dessous –, ils comparent la rentabilité relative de la voiture électrique (noté EV dans le graphique) et de la voiture à moteur à explosion (ICE). Le trait rouge du graphique est le lieu où les deux types de motorisation sont économiquement équivalentes. Ceci en se projetant en 2020 et en fonction de deux paramètres : le cout en dollars du baril de pétrole et le cout (en dollars par kwh) des batteries électriques. D’autres paramètres devraient être pris en compte, notamment le cout carbone complet de l’usage électrique, faible en France grâce au nucléaire, encore très fort en Allemagne. Mais les deux paramètres du graphique résument une bonne part de la situation.

Plus le prix du pétrole en 2020 est haut, plus évidemment la voiture électrique, à cout donné des batteries, est rentable et évince le moteur à explosion. La partie du graphique au nord de la ligne rouge est donc la zone où la voiture électrique s’impose. Si par contre le prix des batteries en 2020 est très élevé, le moteur à explosion reste compétitif par rapport au moteur électrique même pour un prix haut du pétrole (zone sud du graphique).

Le carré bleu dans le haut du graphique flèche un point de la courbe rouge d’iso-coût, celui qui correspond à l’estimation faite par le Département de l’énergie des États-Unis sur le cout probable des batteries en 2020 : 325 dollars/kwh. Pour que la voiture électrique reste compétitive à ce niveau probable de cout, il faut un prix du pétrole à 420 $/b en 2020.

Il est aujourd’hui autour de 30 $ !

La conclusion des auteurs : sans intervention politique vigoureuse sur les prix et sur les usages, la transition vers la voiture électrique ne se fera pas.